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Professeur en Allemagne - Une aventure humaine

26 mars 2015

Mon premier jour en tant que professeur honoraire

Debutant

Le lundi 29 septembre, c'est parti, c'était mon premier jour au collège avec des remplacements. J'avais 3 heures d'astreinte et directement 3 heures de cours. Ce jour-là, il y avait beaucoup de professeurs absents. Et en plus, le système informatique qui gèrait l'affichage des remplacements avait planté. Pour ma première heure, je savais certes où j'avais cours et quelle classe j'allais avoir (une 7e, équivalent d'une 5e en France), mais je ne savais pas quelle matière...

En bon novice (puisque 10 jours auparavant, je ne savais pas que j'allais me retrouver professeur aussi rapidement, voir l'article "Comment tout a commencé"), je pensais qu'on allait me confier des remplacements dans "mes" matières de prédilection: francais, maths et géographie. Pas du tout, ça pouvait être n'importe quoi ! Et à moi de choisir ce que je voulais faire avec les élèves.

Première surprise: ils chantent !

Je me suis donc retrouvé à aller vers ma première salle de cours, j'ai ouvert la salle aux élèves, leur ai dit bonjour (guten Morgen) et j'ai eu ma première surprise de la journée: ils se sont tous lévés et m'ont aussi dit bonjour mais en chantant. Il m'a fallu beaucoup de discipline pour ne pas éclater de rire. Je n'étais pas préparé à ce "spectacle". Depuis, je sais que cette "Begrüßung" (salutation) fait partie du rituel au commencement d'une heure de cours.

Deuxième surprise: des matières pas prévues ! et la classe bonus !

Je demande ensuite aux élèves quel cours ils étaient censés avoir. Économie ! Et comme je ne savais pas que je pouvais choisir de faire une autre matière, me voilà parti à leur demander ce qu'ils avaient fait en économie jusque là. Réponse: rien ou presque ! Ils n'avaient eu que deux heures de cours depuis le début de l'année et avaient commenté le poème du premier chapitre. J'ai alors demandé un livre, parcouru le premier chapitre et, comme c'était simple, j'ai fait un cours improvisé sur "Le Monde est une scène", thème du premier chapitre, sorte d'introduction générale. Plus tard, j'ai eu l'occasion de faire le compte-rendu de cette heure au professeur d'économie de cette classe. Sa réponse a été: "Génial, je n'ai pas besoin de faire le premier chapitre avec les enfants, tu t'en es chargé, merci."

Je me suis ensuite rendu dans ma deuxième classe pour la deuxième heure. Et je me suis retrouvé en cours d'éthique ! avec des élèves de deux 5e classes (l'équivalent de notre CM2 mais déjà le collège en Allemagne). Et de nouveau, j'ai improvisé un cours en fonction du thème qu'ils avaient commencé, à savoir "Vivre dans la société". Nous avons parlé règles, lois, religion, principes, coutumes, ... Nous avons organisé tout cela, parlé du chaos, etc.

Mais c'est quoi comme matière, l'éthique ? En Allemagne, les cours de religion sont obligatoires au collège. Les élèves choisissent entre un cours de religion catholique ou évangélique. Et ceux qui ne le souhaitent pas, car ils sont d'une autre confession ou d'aucune, doivent aller en cours d'éthique. C'est un mélange d'enseignement civique et moral avec un peu de religion et de philosophie. Si quelqu'un a une définition plus orthodoxe, qu'il n'hésite pas à la poster :-)

Pour ma troisième heure, une double surprise m'attendait. Tout d'abord, la matière: allemand ! Et en plus, la classe de mon fils (mon premier). Tous les élèves me connaissaient car nous avions déjà organisé des journées enfants-parents-professeur principal et j'avais entre autres joué au foot avec les enfants. Tous s'attendaient à ce que je leur fasse un cours de français. Et me voilà parti à leur faire un cours d'allemand ludique. J'ai commencé par un exercice de théâtre d'improvisation pour les réveiller mais en utilisant simultanément ou alternativement ou exclusivement des noms, des adjectifs, des adverbes et des verbes. Puis je leur ai posé une question sur un point de grammaire allemande, à savoir le genre du mot Nutella. Ce petit exemple grammatical marrant nous a entrainé sur d'autres règles bizzares de la langue allemande et l'heure est passée très vite.

 

Ce n'est quà l'issue de cette première journée que des professeurs m'ont expliqué que l'on n'attendait pas de moi que je fasse un cours dans la matière de remplacement et que je pouvais d'ailleurs tout aussi bien décider de faire un jeu quelconque avec les enfants ou juste de les surveiller pendant qu'ils faisaient leurs devoirs.

 

Quoiqu'il en soit, je ne suis pas prêt d'oublier cette première journée d'enseignement !

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26 mars 2015

Comment tout a commencé, comment je suis devenu professeur en Allemagne en l'espace de... 3 jours !

Ayant fait des études de commerce, j'ai tout naturellement travaillé pendant presque vingt ans dans le "business". Commercial terrain, puis key account manager international, puis responsable des ventes et enfin responsable de filiale en Allemagne, j'aurais pu continuer sur ma lancée mais voilà: le monde de l'entreprise a changé ! Et le monde de l'entreprise franco-allemande n'a pas été épargné... On se retrouve à devoir licencier de bons éléments sous prétexte qu'ils sont trop chers (merci Excel...) ou parce qu'ils ont dit un mot de travers (en anglais) à un patron francais (qui ne maitrise pas la langue de Shakespeare et a donc interprété le mot "de travers"). On se retrouve à devoir "faire comme en France parce que ca marche chez nous" et... ca ne marche pas, bien entendu.

Depuis des années, je me disais: "Pourquoi ne suis-je pas instituteur ou professeur?" J'aime enseigner, aider les autres, je suis patient, j'explique clairement et point par point, j'aime être avec des enfants (j'en ai 5 !) et les adolescents,... J'aurais pu longtemps me poser la même question jusqu'à ce qu'elle devienne: "pourquoi ne suis-je pas devenu professeur?"

Bundesarchiv_Bild_183-J0604-0033-001,_Bernau,_Lehrer_der_Gewerkschaftsschule

J'avais demandé à des amis, des copains, des connaissances et même à des inconnus si c'était possible de devenir professeur dans le système scolaire allemand et, si oui, comment. J'ai eu toutes sortes de réponses mais pas de réponses concrètes. J'ai alors décidé de contacter le Lehramt (l'office pour l'éducation, bref l'éducation nationale, sauf qu'en Allemagne c'est régional).

Rendez-vous pris pour le mercredi 17 septembre 2014 à Francfort. Ce jour-là, j'ai présenté mes motivations pour devenir professeur à un responsable de l'éducation régionale de la Hesse. D'abord froid et distant, il m'a écouté énumérer mes points puis m'a présenté les voies officielles et classiques pour devenir professeur. Quand il a eu fini, il m'a alors dit deux choses: 

  1. Il existe une "porte dérobée" pour devenir professeur.
  2. Il me soutenait à 100% dans ma démarche et souhaitait m'aider en me recommandant auprès d'un organisme chargé de permettre aux personnes changeant d'orientation professionnelle de devenir professeur.

Il a alors pris son téléphone et appelé le patron de cet organisme dépendant de l'université. Le jeudi 18 à 11h, je rencontrais le patron et une heure plus tard, je repartais avec la perspective d'être embauché au second semestre en tant que professeur et avec un nouveau rendez-vous pour le lendemain avec la directrice d'un collège-lycée.

Le vendredi 19 septembre à 14h15, la directrice me confiait 2 classes de géographie (4h par semaine) pour quelques semaines, une classe de soutien en mathématiques jusqu'en décembre (2h par semaine) et au minimum 6h de remplacement par semaine (il m'est arrivé d'en faire une quinzaine).

Voilà comment je suis devenu professeur (honoraire) en... 3 jours.

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Professeur en Allemagne - Une aventure humaine
  • Ancien directeur de société, j'ai décidé de devenir professeur... en Allemagne où je vis depuis 13 ans. D'abord professeur honoraire dans un lycée d'enseignement général, je suis devenu professeur dans un lycée professionnel.
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